03 Mai 2008 - 100 km de Chavagnes en Paillers (Vendée)

Petit récit de Luc MOREL

J'avais toujours été impressionné par ces coureurs « fous » qui étaient capables de courir pendant des heures.
Il m’arrivait de temps en temps de courir quelques courses locales proches de chez moi comme Pinterville ou Hondouville.
Je me débrouillais pas trop mal surtout avec peu d’entraînement, j’arrivais à terminer des 10 km en 45 minutes, le plus dur était la semaine qui suivait, pour me remettre des courbatures.

Lorsque Denis s’est mis à la course à pied, je suivais sa première saison pendant laquelle il perdit beaucoup de poids et faisait des progrès rapides.
C’est tout naturellement qu’il me proposa de le rejoindre et d’adhérer au CSADN la saison suivante afin de me motiver et peut-être aussi pour le motiver, qui sait ?
Je commençais alors à m’entraîner un peu plus sérieusement et comme premier paris, nous nous sommes promis de participer au premier marathon Seine-Eure en 2005.
Nous n’avons pas le même niveau, qu’importe, tout ce qui compte, c’est de revenir content d’une épreuve et d’avoir envie de recommencer.

Dès la fin 2005, une idée nous trottait dans la tête : qu’est-ce que ça fait de faire une course de 100 km, voir plus ?

Sérieusement, nous étions conscient qu’avant ça, il fallait trouver des distances intermédiaires et progresser en course à pied.
Bon passons les détails, après le marathon Seine-Eure 2006, puis 2007 et vu nos performances à Briouze cette même année, nous décidions que notre premier 100 km se ferait en 2008. D’après les statistiques, le 100 km de Chavagnes nous paraissait le plus approprié pour tenter l’expérience (pourcentage d’arrivants élevé, épreuve se déroulant au printemps, etc.).Une fois décidé, nous cherchions d’autres compagnons d’aventure et maintenant place à la préparation.

Pour ma part, j’ai récupéré un bon vieux plan marathon à 5 séances par semaine sur 13 semaines que j’ai adapté à ma sauce en fonction de mes disponibilités. (Pas facile de concilier entraînement, présidence d’association, boulot, vie familiale, amis, etc). Tout doucement, je modifiais le plan afin de faire plus de travail en puissance (côtes).
Lorsque la période des pans-pans fût terminée, ce fut la libération, je pouvais enfin retrouver la forêt voisine avec tous les dénivelés nécessaires.

J’ai participé à quelques courses durant cette période, je découvris le Trail à Bois-Guillaume où j’ai pris un plaisir énorme.
Après la course d’Incarville, où j’étais vraiment épuisé par l’entraînement et parce que j’avais peu dormi et un peu fait la fête la veille, j’ai connu un regain de forme qui m’a permis de me rapprocher la semaine suivante de mes meilleurs temps sur 10 km à Saint-Marcel et cela sans forcer.
Je me sentais presque prêt, il ne restait plus que 4 semaines avant l’échéance.
Enfin, pour des raisons que je n’expliquerai pas, c’est sans accompagnateur à vélo que je ferais mon premier 100 bornes, tant pis.
C’est à 3 coureurs (Claude, Denis et moi) et 2 accompagnateurs (Magali et Christophe) que nous ferons le voyage en Vendée.

Le vendredi 2 mai, après avoir préparé tranquillement mes affaires et déjeuné de bonne heure, je retrouve Denis, Magali, et Christophe à Vironvay.
Là, Maghaly, la femme de Christophe nous rejoint par surprise afin de nous apporter ses derniers encouragements, merci.
Une fois le véhicule prêt, nous saluons Magh et prenons la route. Direction l’A28 via Le Neubourg ou nous récupérons Claude. Pendant le trajet, je chambre un peu le frangin, en lui disant que de toute façon, nous ne rentrerons pas de bonne heure samedi soir car il sera sur le podium. Bon, on plaisante un peu et le trajet semble toutefois assez court.
Nous retirons donc nos dossards et récupérons la brioche vendéenne, tout en essayant d’imaginer ce que sera le lendemain.

Je suis assez confiant car j’ai l’intention de rester avec Claude un maximum de temps car je sais qu’il sait mieux gérer que moi les longues distances ; c’est d’ailleurs sa 5ème participation à un 100 km.

Nous prenons alors la route vers La Roche sur Yon pour rejoindre l’hôtel dans lequel Denis nous avait réservé des chambres. Après avoir trié nos affaires, nous improvisons notre dîner dans la salle du petit déjeuner de l’hôtel. Moment fort sympathique.
20h00, il est temps de se coucher car nous avons prévu de nous réveiller à 3h00.
22h00, personne ne dort dans notre chambre, nos téléphones portables sonnent les uns après les autres et personne ne trouve le sommeil.
Que la nuit me semble longue, à 3h00, le réveil retentit et 20 secondes après, j’entends Denis frapper à la porte. J’ai du dormir en tout et pour tout 1H30 cette nuit là (Stress, bruits alentours, literie, etc).

3h30, départ vers Chavagnes, tiens, on emprunte le circuit de tout à l’heure, il y a des barrières partout. Qu’importe, à cette heure là il n’y a pas encore de coureurs, passons au travers, d’ailleurs on ne connaît pas la région et on risquerait de se perdre.
Arrivés sur place, Denis stationne le véhicule proche du circuit, on rejoint le gymnase pour y prendre le petit déjeuner, bien que nous nous sommes brièvement restaurés avant de prendre la route ce matin.

Christophe prendra la premier relais pour assister Denis, c’est pourquoi Claude et moi expliquons à Magali qui installera notre poste fixe 50 mètres après l’arche d’arrivée, ce qui nous sera nécessaire lors de nos 4 passages.
Plus que 5 minutes avant le départ, je me positionne à côté de Claude en attendant le starter.

Et c’est parti pour une petite boucle qui nous fera repasser sous l’arche départ/arrivée. Il fait vraiment noir, difficile de se repérer et je trouve que la course est partie très vite. J’aperçois un panneau annonçant 1 km, cela fait à peine 4min15 que nous sommes partis, c’est du n’importe quoi. Peut-être que le panneau était mal placé car à 5 min, nous passons devant un orienteur qui annonce le premier km. Avant de passer sous l’arche, nous voyons les accompagnateurs à vélo sur la gauche, j’arrive à distinguer Christophe. Après l’arche, Magali est à gauche, elle est heureuse de nous apercevoir. C’est parti pour la première boucle. Tiens on sonne les cloches à cette heure là ?
A peine 5 minutes de courses, je suis déjà obligé de faire mon premier arrêt technique. J’en ferai 10 au premier tour, 6 au deuxième et 2 au troisième.
Je retrouve Claude après chaque arrêt comme lui me retrouve facilement aussi quand c’est lui qui doit s’arrêter. Premier ravitaillement, et j’ai déjà une sensation de chaleur ; je prends donc mon temps pour retirer le tee-shirt manche longue que j’avais mis sous mon débardeur. Je retrouve Claude peu de temps après dans le passage le plus difficile durant cette période nocturne, le passage dans le chemin boisé, difficile de savoir où on met nos pieds.
Tranquillement, nous rejoignons le deuxième ravitaillement où une foule de vélos attendent leur partenaires.

La première boucle se passe sans problème, nous passons les 25 km en 2H15 et l’arche en 2H19. Claude me dit que c’est raisonnable et qu’on est sur une base de 9H00 (si on est capable de rester à ce rythme).
On retrouve Christophe au point fixe, je change tranquillement mes bidons, prends 2 pastilles de sel ; remet 1 gel dans ma poche. Claude se ravitaille aussi et nous repartons ensemble, toujours aussi tranquillement.
Le jour s’est levé, et c’est sans nous en apercevoir que nous avons accéléré.
A l’approche du 45ème, je remarque que la foulée de mon partenaire change, Claude me dit à plusieurs reprise de prendre mon envol, je lui répond que c’est lui qui me permettra d’aller au bout car si je pars seul, je sais que je risque de me griller. Pourtant, au 45ème km, lors du dépassement d’un groupe, Claude ne me rejoint pas, je me dis que ce n’est pas grave, il venait toutefois de venir de se plaindre d’une gène au genou. Je pense qu’il va me rejoindre après le cinquantième au point fixe ou maintenant c’est Magali qui nous attend. Elle m’encourage et trouve que j’ai la forme.
Je prends le temps de refaire mes réserves, de boire de l’eau pétillante.
Cela fait presque 2 minutes que je suis là et toujours pas de Claude.

Je repars tranquillement et décide de réduire un peu la vitesse car j’avais bouclé le 2ème tour trop vite (2ème passage 2h09, je comprends mieux maintenant pourquoi Claude ne me rejoignais pas).
Au bout de 5 heures de course, la température commence à monter inexorablement et tout le monde sait qu’en Normandie, il n’a pas fait bien chaud depuis le début de l’année.
Je commence à boire beaucoup entre les ravitaillements. Je suis même obligé de remplir mes bidons au 3ème et 4ème ravitaillement durant ce tour.
Je reste toutefois confiant car j’ai passé les 65 km au bout de 5h50 de course. Je sais que j’ai pas mal ralenti, mais les jambes vont très bien.
Ensuite, des tas de questions m’envahissent, car je n’ai jamais couru aussi longtemps. Qu’est-ce qui m’attend ?
Ce que je sais, c’est qu’au ravitaillement « fermier » juste après le passage au dessus de l’autoroute, on plaisante pas mal, le numéro 102, Luc MOREL est à l’Eure dit l’animateur.
Là je marche un peu pour repartir doucement.

Je retrouve Christophe après le passage du 75ème km (boucle faite en 2H31).
7h00 de course se sont écoulées lorsque je repars pour la dernière boucle, il me reste 3h00 pour terminer et atteindre l’objectif annoncé. Christophe m’a promis de me retrouver avec le vélo dés que Denis aura fini la course.
Mes foulées deviennent difficiles.
Je commence à marcher 3 minutes après le ravitaillement basé au km 10 de la boucle, soit à peu près au 85ème km.
Les jambes commencent à parler et je sais que mon principal ennemi aujourd’hui c’est ce satané soleil, les épaules me chauffent, la tête aussi et je commence à avoir du mal à supporter la casquette.
KM 15, je refais le plein de tous mes bidons, je m’enfile 3 gobelets d’eau. Je repars péniblement. Le parcours est montant à ce moment. Après le virage, je distingue face à moi un cycliste reconnaissable.
C’est Christophe qui m’annonce 2 nouvelles. Denis fait 3, cela ne me surprend pas même si ça peut paraître énorme. Par contre, il me dit qu’il a croisé Claude qui s’arrêtera au 75ème, c’est pas grave, on remettra ça et encore merci d’avoir fait un bout de route ensemble.
Je sais que je n’ai plus de vitesse et que je vais être obligé de marcher de plus en plus. J’alterne donc marche rapide et course lente. Seulement 2 concurrents m’ont dépassé durant cette boucle, cela me surprend. Christophe m’aide beaucoup, aller bois ça, puis du coca et encore de l’eau, cela fait du bien qu’il soit là.
Au passage du ravitaillement « fermier » je dis à l’animateur que Luc MOREL n’est plus à l’heure. Je me ravitaille rapidement et reprends une marche rapide. A chaque fois que le terrain est descendant, j’essaye de courir.
Christophe prévient Denis que nous passons le 97ème, nous savons déjà depuis longtemps que les 2 objectifs sont atteints finir et en moins de 10h.
Arrive le 98ème, je demande un gel coup de fouet, j’en prends une bonne noisette, puis une bonne gorgée d’eau. Je me prépare à courir et là bizarrement, je ne ressent plus de fatigue, je sais que je vais y arriver de plus le public est génial à l’arrivée (comme sur tout le parcours d’ailleurs).
Le Speaker annonce mon arrivée et pour la troisième fois je le corrige en lui disant que Vernon est dans l’Eure et non dans l’Eure et Loir.

Je finis en 9H47’46’’, 37ème sur 200 arrivants et 320 partants et cela sans bobo (juste une petite tendinite pour avoir trop serré mes chaussures), c’est vraiment génial.

Il semblerai que ce 3 mai, la température a atteint 36 °C.
J’ai du mal à le croire, mais si c’est le cas je comprends mieux pourquoi j’ai eu si soif durant les 2 derniers tours et surtout pourquoi tout le monde a souffert sur la fin.

Conclusions :

L’organisation des 100 km de Chavagnes est vraiment au top, il ne manque rien nul part, masseurs, orienteurs, ravitaillements, petit déj, repas après course. C’est parfait.
J’ai juste été étonné car quand on disait parcours plat, je m’attendais à du plat comme le marathon Seine-Eure.
Mon prochain 100 km, il faut absolument que je le fasse avec un accompagnateur à vélo.

Et merci à tous les acteurs de cette journée, Claude, Christophe, Magali, Denis et surtout merci à ma femme qui s’est organisée pour que je puisse me préparer dans les meilleurs conditions.


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