J'avais toujours été impressionné par
ces coureurs « fous » qui étaient
capables de courir pendant des heures.
Il marrivait de temps en temps de courir quelques courses
locales proches de chez moi comme Pinterville ou Hondouville.
Je me débrouillais pas trop mal surtout avec peu dentraînement,
jarrivais à terminer des 10 km en 45 minutes, le
plus dur était la semaine qui suivait, pour me remettre
des courbatures.
Lorsque Denis sest mis à la
course à pied, je suivais sa première saison pendant
laquelle il perdit beaucoup de poids et faisait des progrès
rapides.
Cest tout naturellement quil me proposa de le rejoindre
et dadhérer au CSADN la saison suivante afin de me
motiver et peut-être aussi pour le motiver, qui sait ?
Je commençais alors à mentraîner un
peu plus sérieusement et comme premier paris, nous nous
sommes promis de participer au premier marathon Seine-Eure en
2005.
Nous navons pas le même niveau, quimporte, tout
ce qui compte, cest de revenir content dune épreuve
et davoir envie de recommencer.
Dès la fin 2005, une idée nous trottait dans la tête : quest-ce que ça fait de faire une course de 100 km, voir plus ?
Sérieusement, nous étions
conscient quavant ça, il fallait trouver des distances
intermédiaires et progresser en course à pied.
Bon passons les détails, après le marathon Seine-Eure
2006, puis 2007 et vu nos performances à Briouze cette
même année, nous décidions que notre premier
100 km se ferait en 2008. Daprès les statistiques,
le 100 km de Chavagnes nous paraissait le plus approprié
pour tenter lexpérience (pourcentage darrivants
élevé, épreuve se déroulant au printemps,
etc.).Une fois décidé, nous cherchions dautres
compagnons daventure et maintenant place à la préparation.
Pour ma part, jai récupéré
un bon vieux plan marathon à 5 séances par semaine
sur 13 semaines que jai adapté à ma sauce
en fonction de mes disponibilités. (Pas facile de concilier
entraînement, présidence dassociation, boulot,
vie familiale, amis, etc). Tout doucement, je modifiais le plan
afin de faire plus de travail en puissance (côtes).
Lorsque la période des pans-pans fût terminée,
ce fut la libération, je pouvais enfin retrouver la forêt
voisine avec tous les dénivelés nécessaires.
Jai participé à quelques
courses durant cette période, je découvris le Trail
à Bois-Guillaume où jai pris un plaisir énorme.
Après la course dIncarville, où jétais
vraiment épuisé par lentraînement et
parce que javais peu dormi et un peu fait la fête
la veille, jai connu un regain de forme qui ma permis
de me rapprocher la semaine suivante de mes meilleurs temps sur
10 km à Saint-Marcel et cela sans forcer.
Je me sentais presque prêt, il ne restait plus que 4 semaines
avant léchéance.
Enfin, pour des raisons que je nexpliquerai pas, cest
sans accompagnateur à vélo que je ferais mon premier
100 bornes, tant pis.
Cest à 3 coureurs (Claude, Denis et moi) et 2 accompagnateurs
(Magali et Christophe) que nous ferons le voyage en Vendée.
Le vendredi 2 mai, après avoir préparé
tranquillement mes affaires et déjeuné de bonne
heure, je retrouve Denis, Magali, et Christophe à Vironvay.
Là, Maghaly, la femme de Christophe nous rejoint par surprise
afin de nous apporter ses derniers encouragements, merci.
Une fois le véhicule prêt, nous saluons Magh et prenons
la route. Direction lA28 via Le Neubourg ou nous récupérons
Claude. Pendant le trajet, je chambre un peu le frangin, en lui
disant que de toute façon, nous ne rentrerons pas de bonne
heure samedi soir car il sera sur le podium. Bon, on plaisante
un peu et le trajet semble toutefois assez court.
Nous retirons donc nos dossards et récupérons la
brioche vendéenne, tout en essayant dimaginer ce
que sera le lendemain.
Je suis assez confiant car jai lintention de rester avec Claude un maximum de temps car je sais quil sait mieux gérer que moi les longues distances ; cest dailleurs sa 5ème participation à un 100 km.
Nous prenons alors la route vers La Roche
sur Yon pour rejoindre lhôtel dans lequel Denis nous
avait réservé des chambres. Après avoir trié
nos affaires, nous improvisons notre dîner dans la salle
du petit déjeuner de lhôtel. Moment fort sympathique.
20h00, il est temps de se coucher car nous avons prévu
de nous réveiller à 3h00.
22h00, personne ne dort dans notre chambre, nos téléphones
portables sonnent les uns après les autres et personne
ne trouve le sommeil.
Que la nuit me semble longue, à 3h00, le réveil
retentit et 20 secondes après, jentends Denis frapper
à la porte. Jai du dormir en tout et pour tout 1H30
cette nuit là (Stress, bruits alentours, literie, etc).
3h30, départ vers Chavagnes, tiens,
on emprunte le circuit de tout à lheure, il y a des
barrières partout. Quimporte, à cette heure
là il ny a pas encore de coureurs, passons au travers,
dailleurs on ne connaît pas la région et on
risquerait de se perdre.
Arrivés sur place, Denis stationne le véhicule proche
du circuit, on rejoint le gymnase pour y prendre le petit déjeuner,
bien que nous nous sommes brièvement restaurés avant
de prendre la route ce matin.
Christophe prendra la premier relais pour
assister Denis, cest pourquoi Claude et moi expliquons à
Magali qui installera notre poste fixe 50 mètres après
larche darrivée, ce qui nous sera nécessaire
lors de nos 4 passages.
Plus que 5 minutes avant le départ, je me positionne à
côté de Claude en attendant le starter.
Et cest parti pour une petite boucle
qui nous fera repasser sous larche départ/arrivée.
Il fait vraiment noir, difficile de se repérer et je trouve
que la course est partie très vite. Japerçois
un panneau annonçant 1 km, cela fait à peine 4min15
que nous sommes partis, cest du nimporte quoi. Peut-être
que le panneau était mal placé car à 5 min,
nous passons devant un orienteur qui annonce le premier km. Avant
de passer sous larche, nous voyons les accompagnateurs à
vélo sur la gauche, jarrive à distinguer Christophe.
Après larche, Magali est à gauche, elle est
heureuse de nous apercevoir. Cest parti pour la première
boucle. Tiens on sonne les cloches à cette heure là ?
A peine 5 minutes de courses, je suis déjà obligé
de faire mon premier arrêt technique. Jen ferai 10
au premier tour, 6 au deuxième et 2 au troisième.
Je retrouve Claude après chaque arrêt comme lui me
retrouve facilement aussi quand cest lui qui doit sarrêter.
Premier ravitaillement, et jai déjà une sensation
de chaleur ; je prends donc mon temps pour retirer le tee-shirt
manche longue que javais mis sous mon débardeur.
Je retrouve Claude peu de temps après dans le passage le
plus difficile durant cette période nocturne, le passage
dans le chemin boisé, difficile de savoir où on
met nos pieds.
Tranquillement, nous rejoignons le deuxième ravitaillement
où une foule de vélos attendent leur partenaires.
La première boucle se passe sans
problème, nous passons les 25 km en 2H15 et larche
en 2H19. Claude me dit que cest raisonnable et quon
est sur une base de 9H00 (si on est capable de rester à
ce rythme).
On retrouve Christophe au point fixe, je change tranquillement
mes bidons, prends 2 pastilles de sel ; remet 1 gel dans
ma poche. Claude se ravitaille aussi et nous repartons ensemble,
toujours aussi tranquillement.
Le jour sest levé, et cest sans nous en apercevoir
que nous avons accéléré.
A lapproche du 45ème, je remarque que la foulée
de mon partenaire change, Claude me dit à plusieurs reprise
de prendre mon envol, je lui répond que cest lui
qui me permettra daller au bout car si je pars seul, je
sais que je risque de me griller. Pourtant, au 45ème km,
lors du dépassement dun groupe, Claude ne me rejoint
pas, je me dis que ce nest pas grave, il venait toutefois
de venir de se plaindre dune gène au genou. Je pense
quil va me rejoindre après le cinquantième
au point fixe ou maintenant cest Magali qui nous attend.
Elle mencourage et trouve que jai la forme.
Je prends le temps de refaire mes réserves, de boire de
leau pétillante.
Cela fait presque 2 minutes que je suis là et toujours
pas de Claude.
Je repars tranquillement et décide
de réduire un peu la vitesse car javais bouclé
le 2ème tour trop vite (2ème passage 2h09, je comprends
mieux maintenant pourquoi Claude ne me rejoignais pas).
Au bout de 5 heures de course, la température commence
à monter inexorablement et tout le monde sait quen
Normandie, il na pas fait bien chaud depuis le début
de lannée.
Je commence à boire beaucoup entre les ravitaillements.
Je suis même obligé de remplir mes bidons au 3ème
et 4ème ravitaillement durant ce tour.
Je reste toutefois confiant car jai passé les 65
km au bout de 5h50 de course. Je sais que jai pas mal ralenti,
mais les jambes vont très bien.
Ensuite, des tas de questions menvahissent, car je nai
jamais couru aussi longtemps. Quest-ce qui mattend ?
Ce que je sais, cest quau ravitaillement « fermier »
juste après le passage au dessus de lautoroute, on
plaisante pas mal, le numéro 102, Luc MOREL est à
lEure dit lanimateur.
Là je marche un peu pour repartir doucement.
Je retrouve Christophe après le passage du 75ème
km (boucle faite en 2H31).
7h00 de course se sont écoulées lorsque je repars
pour la dernière boucle, il me reste 3h00 pour terminer
et atteindre lobjectif annoncé. Christophe ma
promis de me retrouver avec le vélo dés que Denis
aura fini la course.
Mes foulées deviennent difficiles.
Je commence à marcher 3 minutes après le ravitaillement
basé au km 10 de la boucle, soit à peu près
au 85ème km.
Les jambes commencent à parler et je sais que mon principal
ennemi aujourdhui cest ce satané soleil, les
épaules me chauffent, la tête aussi et je commence
à avoir du mal à supporter la casquette.
KM 15, je refais le plein de tous mes bidons, je menfile
3 gobelets deau. Je repars péniblement. Le parcours
est montant à ce moment. Après le virage, je distingue
face à moi un cycliste reconnaissable.
Cest Christophe qui mannonce 2 nouvelles. Denis fait
3, cela ne me surprend pas même si ça peut paraître
énorme. Par contre, il me dit quil a croisé
Claude qui sarrêtera au 75ème, cest pas
grave, on remettra ça et encore merci davoir fait
un bout de route ensemble.
Je sais que je nai plus de vitesse et que je vais être
obligé de marcher de plus en plus. Jalterne donc
marche rapide et course lente. Seulement 2 concurrents mont
dépassé durant cette boucle, cela me surprend. Christophe
maide beaucoup, aller bois ça, puis du coca et encore
de leau, cela fait du bien quil soit là.
Au passage du ravitaillement « fermier »
je dis à lanimateur que Luc MOREL nest plus
à lheure. Je me ravitaille rapidement et reprends
une marche rapide. A chaque fois que le terrain est descendant,
jessaye de courir.
Christophe prévient Denis que nous passons le 97ème,
nous savons déjà depuis longtemps que les 2 objectifs
sont atteints finir et en moins de 10h.
Arrive le 98ème, je demande un gel coup de fouet, jen
prends une bonne noisette, puis une bonne gorgée deau.
Je me prépare à courir et là bizarrement,
je ne ressent plus de fatigue, je sais que je vais y arriver de
plus le public est génial à larrivée
(comme sur tout le parcours dailleurs).
Le Speaker annonce mon arrivée et pour la troisième
fois je le corrige en lui disant que Vernon est dans lEure
et non dans lEure et Loir.
Je finis en 9H4746, 37ème sur 200 arrivants et 320 partants et cela sans bobo (juste une petite tendinite pour avoir trop serré mes chaussures), cest vraiment génial.
Il semblerai que ce 3 mai, la température
a atteint 36 °C.
Jai du mal à le croire, mais si cest le cas
je comprends mieux pourquoi jai eu si soif durant les 2
derniers tours et surtout pourquoi tout le monde a souffert sur
la fin.
Conclusions :
Lorganisation des 100 km de Chavagnes
est vraiment au top, il ne manque rien nul part, masseurs, orienteurs,
ravitaillements, petit déj, repas après course.
Cest parfait.
Jai juste été étonné car quand
on disait parcours plat, je mattendais à du plat
comme le marathon Seine-Eure.
Mon prochain 100 km, il faut absolument que je le fasse avec un
accompagnateur à vélo.
Et merci à tous les acteurs de cette journée, Claude, Christophe, Magali, Denis et surtout merci à ma femme qui sest organisée pour que je puisse me préparer dans les meilleurs conditions.
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