Trois coureurs du CSADN Vernon, Claude NICOLAS, Luc MOREL et Denis MOREL, se sont lancés le défi de courir le 100 kms de Chavagnes en Paillers. Pour les épauler dans cette aventure, Christophe FOURNIER et Magali MOREL les accompagnent pour "jouer" le rôle au combien précieux d'accompagnateur à vélo, merci à tous les 2.
Premiers "Cent Bornes", pour Denis et Luc, ils finissent respectivement 3ème en 7h42'34" et 37ème en 9h47'46", bravo à tous les 2. Malheureusement Claude a été contraint de s'arrêter au 75ème km à cause d'une vilaine douleur au genou.
Vous pouvez voir les photos prises par Magali pendant l'épreuve, ainsi que les résultats complets.
Au cas ou vous seriez, vous aussi un peu fou, que vous avez quelques instants à perdre, nous vous invitons à lire le résumé ci-dessous de Denis, qui vous raconte comment il a vécu cette course de l'intérieur. Vous pourrez également prochainement si vous le souhaitez lire le récit de Luc.
Lhistoire :
Tout est parti dun « pari » entre
frères, lenvie de courir, de se surpasser et de relever
des défis toujours plus grands, toujours plus fous,
Les 2 frères
MOREL ont découvert la course à pied, pour le bien
être, il y a presque 4 ans, quasiment en même temps.
Ils ont pour cela pris une licence au sein de la section Courses
à Pieds du CSADN Vernon, car lesprit de compétions
ny règne pas en maître, lambiance y est
agréable et ils peuvent courir comme ils le souhaitent
sans contrainte. Nos 2 coureurs ont su commencer petit, puis progresser
doucement au fur et à mesure, à petit pas, en agrandissant
les distances. Cela est certainement la meilleur solution, pour
arriver à ses fins. En effet, ils ont débuté
par des courses de 10 km, puis ils se sont lancés sur semi-marathon.
Là, une étape venait dêtre franchi,
Luc a complètement arrêter de fumer et Denis sest
rendu compte quil avait quelques bonnes prédispositions
dans la course à pieds.
Alors et venu ensuite tout naturellement, lenvie de faire
un Marathon (la distance reine 42,195 km), puis deux, puis trois,
et pourquoi ne pas tenter un 100 km.
La Mèque des 100 km, Millau, ouh là, doucement,
la marche est haute, continuons progressivement, alors sen
suit une première course horaire de 6 heures, suivi dune
seconde puis dune troisième.
Voilà, on se sent près pour les 100 kms, mais Millau
le dénivelé est connu pour être dur, alors
la distance oui, mais sur du plat. Cest ainsi que lépreuve
des 100 kms de Chavagnes en Paillers, réputée pour
être le 100 km le plus plat de France est arrivée
sur la table.
On y est, les dés sont jetés et maintenant faut se préparer pour cette aventure, le samedi 3 mai 2008.
Léquipe :
Claude NICOLAS, un ami est coureur du club, se joint aux deux
frères pour cette aventure. Il nous fera partager ses expériences
passées, car il a déjà à son actif
4 épreuves de 100 kms dans les jambes et dans la tête,
dont déjà une fois le 100km de Chavagnes.
Après des heures et des heures dentraînements,
ha oui on a souffert, lol, et après avoir fait limpasse
sur quelques courses de la région (avec le sérieux
quon nous connaît bien sûr ), nous sommes prêts.
Attention, on ne se lance pas non plus dans une telle épreuve,
sans une équipe soudée.
Cest pourquoi, Magali MOREL et Christophe FOURNIER se joignent
à nos 3 coureurs, pour leur apporter toute laide
nécessaire pour toucher au but.
Magali et Christophe se relayeront sur le vélo qui accompagnera
Denis pendant les 100 kms, lui apportant tout le soutien moral,
mais également toute la logistique (alimentation et boisson)
nécessaire pour soutenir un tel effort. Ils fourniront
également à Luc et à Claude un point de ravitaillement
fixe, pour quils puissent se ravitailler et trouver également
des encouragements réconfortants.
Il est impossible de décrire à ceux qui nont
jamais participé à ce genre dépreuve,
le rôle de laccompagnateur en vélo, mais son
aide est précieuse, pour la gestion du coureur et pour
lui rappeler de bien se ravitailler régulièrement,
et cela dautant plus que leffort est intense, et que
la tête ne suit plus.
Lépreuve :
Chavagnes, une organisation huilée, une 21ème
édition, et une équipe reconnue pour son efficacité
au sein des grandes instances de la course à pieds.
Le 100km de Chavagnes, appelé également 100 km de
Vendée est labellisé FFA. Le comité dorganisation
propose un circuit 99% route en pleine campagne, composé
de 4 grandes boucles (24,676 km) et dune première
boucle de 1,296 km, qui permet de repasser la ligne de départ
sous les applaudissements dun public fidèle et cela
à une heure très matinale.
Préparatif
de dernières minutes :
Vendredi 13h00, sur le pied de guerre, on finit les derniers
préparatifs, la camionnette est chargée, Maghaly
FOURNIER vient nous apporter ses derniers encouragements, elle
aurait aimé être du voyage, mais dautres contraintes
la retienne, on la remercie, un dernier bisous à
son mari Chrichri, et voilà on est parti.
Un arrêt au Neubourg, on récupère Claude,
tout est ok, on est tous là, lambiance est bonne,
conviviale, Luc comme à son habitude fait monter la pression
et nous stresse, alors pour le taquiner, Denis commence alors
un compte à rebours, Heure h 15 ; on roule h
-14 ; on roule on papote, h-13 ; les kilomètres
défilent, ça va vite, normal on est sur lautoroute
et dans la camionnette, lol
On quitte lautoroute, humm ça sapproche, on
arrive sur Chavagnes, vers 17 h 15 (h -11h45), on retire nos dossards
à la salle des sports, on nous explique le déroulement
du programme de la journée, puis on reprend la route pour
regagner notre hôtel à la Roche sur Yons.
Pasta party improvisée tous les 5, dans la salle du petit
déjeuner de lhôtel, dernières consignes,
on blague, on est à laise malgré la pression
qui nous gagne tous, il est 20h00 (h-9) et on regagne nos chambres.
Faut pas que Luc rate sa série, « Plus belle
la vie », mdr.
Petit coup dil sur la météo, pas de
pluie dannoncée et des températures de saison
comme ces derniers jours, normalement cela devrait être
bon, mais on connaît tous la fiabilité des informations
météorologique.
Tout le monde essaye de dormir tant bien que mal, dans un hôtel
aux chambres bien insonorisées, on nentends pas du
tout ce qui se passe dehors, les conversations, le bruit des voitures
qui passent toutes les 10 secondes sur la route, ou plutôt
dans les chambres
Menfin, pour ma part, jai
pris la bonne habitude demmener des boules guesses, (même
si cela fait mal aux oreilles et gêne un peu), cest
très utile dans les hôtels.
Le jour J :
2h30 : (h -2h30) Le réveil sonne dans la chambre
58. Denis ne lentends pas, normal il a les boules dans les
oreilles, un coup de pieds de Magali et le voilà réveillé.
Petit déjeuner, gâteau sport, banane, boisson dattente,
une petite douche, et on démarre la cafetière.
3h00 : (h 2h00) : Denis, frappe à la porte
de la chambre 57, il était convenu la veille, quil
réveille tout le monde à 3h00, mais pas de surprise,
ils sont déjà tous réveillés, après
une douce nuit courte et très calme, lol.
Tout sactive alors très vite, départ de lhôtel
prévu à 3h30, la machine tourne bien, lorganisation
militaire parfaite, on sy croirait presque. Engagez-vous
quil disait, engagez-vous !!!
4h00 : Arrivée sur Chavagnes, on finit de se préparer,
certains profitent du petit déjeuner sur place ou pas,
lheure tourne, derniers préparatifs, tous réunis
à la camionnette, on est prêt, chacun vérifie
sa tenue, on sassure que les ravitaillements sont prêts.
Cest marrant, mais pour ma part, jai vraiment limpression
que tout tourne bien, je suis rassuré car je sais que Magali
me connaît bien, quelle sait ce dont jai besoin,
et quavec Christophe également à mes cotés
cela devrait tenir bon. Les consignes, ils les connaissent, depuis
le temps que je les répète, aussi pendant ces derniers
instants, je ne me préoccupe que de mon échauffement
en faisant quelques étirements, je suis dautant plus
rassuré que je vois Christophe, qui a pris tout le matériel
(et même plus) nécessaire pour le vélo en
cas de pépin.
Claude, très calmement comme à son habitude confie
son ravitaillement à Magali. Luc, toujours de plus en plus
excité, en fait de même, lol.
4h50 (h 10 minutes) : Une petite photo de groupe pour
la postérité, et nous voilà fin prêt.
Christophe rejoint les autres accompagnateurs à vélo,
et nous rejoignons la ligne de départ. Tout le monde se
parle lambiance sur la ligne est conviviale. Certains portent
sur la tête une lampe frontale, dautre non. Jai
laissé la mienne sur le siège passager dans la camionnette,
car la veille à cette même heure le soleil ne tardait
pas à se lever chez nous en Normandie, et que lon
commence à voir clair aux abords de la ligne de départ.
La course :
5h00 : Le départ est donné. La foule
courageuse matinale est vraiment là, comme dans la pub.
Cest parti, pour la première boucle, une allure qui
me semble correcte, un coup dil sur ma montre, merde,
je ne vois rien. On ne voit pas encore assez clair, aux abords
du départ, on voyait très bien avec léclairage
alentour, mais là déjà cela devient plus
difficile. On repasse sur la ligne de départ, jen
profite pour voir ma montre, cela me paraît bon au niveau
de lallure, maintenant faut tenir plus que 98,8 kms...
Les 25 premiers
kilomètres :
On quitte le village, et je me place dans le sillage dautres
coureurs, ou non loin de la lueur de leurs frontales sur le sol.
Maintenant que lon est sorti du village, on voit guère
mieux, et je sens sous mes pieds que la route nest pas nickel,
cest marrant dans ces situations, comment on peut prêter
des attentions à des choses anodines que lon ne remarque
pas, en tant normal, dailleurs les tours suivant me confirmeront
ces impressions.
Je mefforce donc de suivre les coureurs qui me précédent,
les sensations sont bonnes, mais je me rends compte quils
ne sont pas si nombreux devant et que je suis peut être
parti un peu vite, dailleurs, ils commencent à me
distancer progressivement, les motos de lorganisation me
doublent et cest toujours un délice de profiter ne
serait-ce que 20 secondes de leurs éclairages. Une autre
moto me double, et je la vois 50 mètres devant moi se serrer
sur la gauche, ouh là bizarre, je prévois donc den
faire de même, et surprise à ce moment on rentre
dans une forêt, cest sombre je ne vois plus rien,
si ce nest le phare arrière de la moto 100 m devant
moi, coup de chance elle suit les coureurs qui la précède
car le chemin est trop étroit pour les doubler, je mefforce
donc de suivre de loin sa trajectoire, la sortie de la forêt
approche et je recommence à voir clair, ouf. Quel con,
mais quel con, pourquoi jai laissé la frontale sur
le siège de la camionnette, bon allez on se reprends.
Japproche dun virage, je distingue quelques cyclistes,
je me dis que cest peut-être là que Christophe
doit me retrouver, aussi jappelle doucement Christophe,
et là des jeunes me répondent, et décident
de me suivre. Au son de leurs voix enchanteresses, je me rends
bien compte que pour eux aussi la nuit a été courte.
En effet, ils doivent à peine sortir de boite de nuit,
et ont lair bien gai. Je ny prête guère
plus dattention que cela, ils ne font pas de mal, ils samusent,
ils me parlent, ils mencouragent même, ils reconnaissent
quil faut être malade pour sengager sur de telles
épreuves, on arrive à un premier ravitaillement,
et ils décident de sy arrêter, cest ainsi
quaprès 1 kilomètre et demi en joyeuse compagnie,
je me retrouve de nouveau seul, ouf, à la fin cela aurait
été peut-être un peu saoulant, lol.
Je continu ma route, dans la nuit, japproche dune
intersection, et là, ce nest pas quelques vélos
que je vois, mais tout un parc, ouh la il y en a un paquet, comment
Christophe va t-il me retrouver, un peu dangoisse, je continu
de courir, le cherche du regard, et ouf rassuré, je le
vois en face de moi, et on commence à faire la route ensemble.
Un regard sur ma montre, dans cette zone plus éclairée,
et là, surprise un temps un peu trop court, soit je vais
trop vite, soit on est pas au 10ème kilomètres,
je penche pour la deuxième raison, et cela se confirme
bien quelques minutes plus tard, en passant devant la borne 10km,
là tout est ok, le tempo est bon, et je continu. On échange
quelques paroles avec Christophe, régulièrement
les motos de lorganisation nous dépassent et jai
le plaisir de recevoir les encouragements de Thierry GUICHARD,
venu superviser les vrais champions sur cette épreuve,
dans le but de les sélectionner ou pas en équipe
de France de 100 km pour les mondiaux de Rome en Novembre.
Pour moi, tout est bon, les sensations sont bonnes, on double
même un coureur, ça file bien, lheure tourne
et les kilomètres défilent. Le jour est maintenant
levé et je distingue les chiffres sur ma montre, on se
rapproche des 25kms, je malimente régulièrement.
Je passe la borne des 25 km, coup dil sur la montre,
1h5655, parfait je suis sur la base de 7h30,
pourquoi pas
cest un peu prétentieux pour un
premier cent bornes, mais qui ne tente rien na rien.
Christophe prend ensuite un peu davance pour passer le relais
à Magali, les vélos passant dun côté
et les coureurs passant sous larche de départ (et
darrivée) à ce moment du parcours.
Les kilomètres
25 à 50 :
Cest maintenant Magali qui maccompagne, elle applique
les consignes à la lettre, me fournissant en boisson et
en gels énergétiques, on parle peu, mais un peu.
Je sais que ce nest pas une pro du vélo comme Christophe,
mais quelle fera de son mieux pour me passer les ravitaillements,
et cela se passe très bien, elle fait sa balade en maccompagnant,
« elle est mignonne cette maison »,
Elle me parle de tout et de rien, mais replace de temps en temps
dans la conversation, as-tu pris un gel, bois bien,
Au 37ième kilomètres, je sens que jai une
cloque sous le pieds gauche au niveau du gros orteils, mais ce
nest pas une petite cloque qui va marrêter,
je continu ainsi ma route, en essayant dagiter mes doigts
de pieds, et de ne pas y penser et cela passe bien rapidement.
On continue à notre rythme, on se rapproche lentement dun
coureur du cent bornes qui nous précède au classement,
il sarrête un très court instant pour un besoin
urgent et il reprend sa course devant nous. On le passe doucement,
on échange deux, trois mots, et il nous dit avoir mal au
dos. On continu alors notre route à notre rythme et peu
à peu lécart se creuse, on apprendra par la
suite que ce coureur a abandonné, aussi on lui souhaite
de bien récupérer. Gentiment il prendra de mes nouvelles
pendant le reste de lépreuve auprès de Magali,
et on espère quil reprendra vite la route des 100
bornes et sans bobo.
A ce moment de la course, les kilomètres défilent
toujours aussi bien, on double un coureur, puis deux, elle me
félicite pour mon état de fraîcheur, on sapproche
dailleurs du km 50, et on croise un groupe de personne qui
me félicite également de ma foulée et de
mon état de fraîcheur. En moi même je me dis,
cest normal lépreuve na pas encore commencée.
En effet, jai tellement entendu quun 100 bornes ne
commence quaprès les 80 premiers km, que je trouve
cela normal est rassurant.
Je passe la borne des 50 km, 3h4224, parfait,
tout va pour le mieux.
On se rapproche de larche, Magali prend à son tour
un peu davance, pour repasser le relais à Christophe,
(il était temps pour elle, car cela faisait un petit moment
quune petite envie de pipi la taquinée, mais
elle ne sen plaignait pas, sachant ce que jendurais
de mon côté).
Les kilomètres
50 à 75 :
Je me retrouve donc de nouveau avec Christophe. Cela peut paraître
bizarre, mais le fait de changer ainsi daccompagnateur,
me donne limpression davancer. Il me donne des nouvelles
de Luc et Claude, et me dit quils sont passés ensemble
aux 25 km, cela me rassure un peu, car je sais que Luc a les capacités
et la volonté nécessaires pour finir cette épreuve,
mais je sais quà son habitude, il va partir comme
un chien fou et se brûler très vite. Sachant que
Claude a lexpérience de ce genre de course, je nai
donc aucun doute sur eux et je continu sereinement ma course.
Christophe me fournissant toute lassistance nécessaire,
ainsi que le temps à chaque kilomètre. On sefforce
de continuer toujours à notre allure, on double des retardataires,
marathoniens et 100 bornards, on se rapproche dun autre
coureur de 100 km, et je dis à Christophe, que celui ci
nest pas un retardataire, mais bien un coureur qui me précède,
Christophe continu de me donner mes temps au kilomètre
lesquels sont toujours bons, et la forme encore bonne, on double
alors ce coureur, qui commence à craquer, pour ma part,
ça va encore bien, même si je commence à avoir
chaud et que jai limpression que mon rythme ralenti,
cela ne se voit pas encore sur ma vitesse, mais je sens que je
commence à forcer pour la maintenir. On passe le km 65,
tout est bon, le chrono correct, on continu, mais là, très
vite tout devient plus dur. La chaleur se fait de plus en plus
pesante, km 70, coup dil sur ma montre, 5h1030,
je suis encore bien dans les temps, mais je sens que cela se complique.
Ainsi, ce nest pas vrai, cela ne commence pas au 80ième,
pour moi cest au 70ième et je sais déjà
que les 30 derniers vont être horribles.
Jessayes toujours de bien mhydrater et de bien malimenter,
Christophe me le rappel et y veille également, on approche
du 75ième kilomètres, 5h3410,
je sens que je mets plus de temps, mais je suis encore dans le
tempo souhaité.
Thierry GUICHARD, qui supervise également sur cette épreuve,
Cécile MOYNOT, (en vue de sa qualification en équipe
de France Féminine et qui sera la 1ère féminine
de lépreuve en 8h10 (7ième au scratch))
y est présent et my encourage, merci Thierry.
Christophe, me lâche alors pour passer le relais à
Magali, qui prépare les bouteilles pour mon dernier tours.
Les 25 derniers
kilomètres : le calvaire
Comme convenu, cest Magali qui maccompagne pour
les 25 derniers kilomètres. La pauvre, elle va souffrir,
car je risque dêtre assez irritable, mais elle le
sait. En effet, elle me connaît bien, et Christophe, qui
a bien vu que cela devenait de plus en plus difficile pour moi,
a fait passer le message à Magali. A ce moment là
de la course, je nai pas de douleur particulière,
la cloque du 37ième kilomètre est crevée
depuis bien longtemps, et ne me dérange en rien, je ne
la sens dailleurs quasiment pas. Par contre, il mest
de plus en plus difficile de lever les pieds et denchaîner
de belles foulées.
Où est passée ma fraîcheur précédente ?
Je dois continuer, je nai pas fait tout cela pour rien,
dautant plus quà ce moment de la course, je
suis en 4ème position, chose que je naurais pas imaginé
du tout en venant ici, sur ce 100 km. Je me dis même que
si je me fais doubler ce nest pas grave, car je ne suis
pas à une ou deux places près, sachant que ce que
je souhaite en objectif numéro 1 est de finir en moins
de 8 heures, et mon objectif numéro 2, de finir en moins
de 7h45, jamais je nai imaginé figurer dans
les 5 premiers.
Au 80ième kilomètre environs, je double Claude,
bon sang ça doit pas aller fort pour lui, car je ne pensais
pas le rattraper, il se plaint dune douleur au genou, merde
il est mal barré, on continu et on lencourage, allez
Claude tiens bon.
Pour moi aussi, ce que les kilomètres sont longs, Magali
voyant mon temps au kilomètre, de plus en plus long, essayes
de ne pas men informer, mais je le vois bien par moi même
sur ma montre, aussi, je lui dis de me tenir informé à
chaque kilomètre, car même si il est dur de se rendre
compte que le kilomètre est de plus en plus long, il est
important de savoir que lon vient den franchir un
de plus et que lon se rapproche ainsi de larrivée.
Cest dans cet état desprit, que je poursuis,
cela fait maintenant quelques kilomètres, que je ne prends
plus de gels, car je ne parviens plus à avaler quoi que
ce soit, des douleurs au niveau de lappendice (ha si javais
pu être opéré plus jeune comme beaucoup, je
naurais peut-être pas ce genre de douleur, et je serais
peut-être plus léger, humour) et une bouche plus
que pâteuse. Jessaye de boire de plus en plus, une
envie soudaine deau gazeuse, cest marrant cette envie
soudaine cest la première fois que cela marrive,
Magali sen charge, et men approvisionne au ravitaillement
suivant. Au 87ème kilomètre, je sens pour la première
fois de la journée, la contracture musculaire qui me dérange
depuis trois semaines au niveau de la cuisse droite, je serre
les dents, ça a tenu sur un semi rapide avec des chaussures
ultra légères il y a 2 semaines, donc cela devrait
tenir, maintenant. Je craignais ces derniers jours que cette douleur
compromette mon 100km, mais maintenant que jen suis là,
cest pas ce petit bobo qui va marrêter.
Alors je continu, coûte que coûte, les kilomètres
sont longs, et je viens juste de descendre à 10km/h, il
faut que je relance, et je dois tenir au moins cette vitesse.
Passage, au 95ème kilomètres, 7h1534,
cest sûr cest râpé pour les 7h30,
mais pour les 7h45, je suis encore dans les temps, je sais
que je ne dois pas descendre sous les 10km/h, et ça je
sais que je dois en être capable et au pire des cas, je
finirais en marchant, et pis merde, je suis encore 4ème,
faut tenir. Km 97, on serre les dents, on souffre, mais on approche,
km 98, de plus en plus de public, on nous encourage, jentends
le public, « bravo, on lencourage, cest
le troisième ».
Comment cela le 3ième, oui, jentends le public, Mag
pose la question, on lui dit quun des premiers a abandonné.
A ce moment, je ny crois pas beaucoup, mais cela se confirme
par dautres encouragements, ainsi que par lannonce
du speaker, qui informe le public de lapproche du 3ème
de la course. Cette information, cette surprise se voit non seulement
sur mon visage, effaçant ainsi toutes les marques de souffrance
de ces 28 derniers kilomètres, pour laisser place à
un grand sourire de joie, mais cette nouvelle ma donné
de nouvelles jambes, que dis-je, des ailes, je nai aucune
idée de ma vitesse de ces 2 derniers kilomètres,
mais je suis sûr que jai repris du poil de la bête.
Je parle alors à Magali, vas-y ma chérie, files,
vas faire le tour, et retrouves moi à larrivée.
Je continu, plus rien ne peut marrêter, la ligne approche,
à grand pas maintenant, jai le sourire aux lèvres,
je passe la ligne, bip bip, coup dil sur la montre,
7h4234, je nen reviens pas, jai
fini, jai tenu et en prime une 3ème place inespérée.
Le Bonheur :
Je narrive plus à marrêter, je marche,
je tourne en rond, je détache mon dossard, je vois Magali
et Christophe, qui se rapprochent, je prend un verre, un second,
je sais que je suis pas frais, je suis même un peu mal,
mais tellement heureux. Magali sapproche elle me félicite,
elle est super contente, « je suis fière de
toi mon chérie ». Christophe est là également,
il se rapproche, il partage avec nous cette joie, ça me
fais très plaisir, il me prends dans ses bras pour me féliciter,
je tiens à peine sur mes jambes, la tête ny
est plus et les jambes non plus, je reste debout, mais il faut
que je massoie, aussi je marche doucement, vers notre petit
coin ravitaillement avec une seule idée en tête,
masseoir et boire, mais quest-ce que je suis content.
Et je suis heureux de partager cette joie avec mes amis, doucement,
je me remets, me désaltère, je ne cherche pas à
bouger, car je sais que les crampes sont là, et guettent
chacun de mes mouvements, alors patience, on se réhydrate.
En effet, la chaleur de ces dernières heures a été
terrible, et amateur comme pro en auront souffert. Je papote avec
Magali et Christophe, qui de leurs côtés, sactivent
de nouveau. En effet, ce nest pas fini pour Luc et Claude
et ils préparent le vélo, avec les boissons et les
gels énergétiques de Luc. Je suis dautant
plus content que je nai pas rattrapé le frangin,
et lorsque je demande à Christophe depuis combien de temps
il est passé, il me répond 20 minutes environ, là,
je suis ravi, car je connais bien le frangin, il est comme moi,
il a la rage, et même si il va souffrir dans ce dernier
tour, il ira au bout, super.
Changement de numéro de dossard sur le vélo, et
Christophe part de nouveau pour retrouver Luc et laccompagner
sur ses derniers kilomètres.
Pour ma part, je reste assis sur ma chaise à me remettre
doucement de cet effort, de toute façon je ne peux pas
bouger pour le moment.
Jattends le passage de Claude, mais malheureusement je ne
le vois pas venir, il a du sarrêter.
Magali reste avec moi, maide mapporte des boissons
et mes affaires pour que je puisse aller profiter des masseurs
et de la douche, ce dont je ne me prive pas, je lai bien
mérité, lol.
A mon retour, elle mannonce que Claude a belle et bien abandonné,
à un moment, elle a pensé faire le dernier tour
avec lui à pieds à ses côtés, mais
à la vue de sa douleur, cela naurait pas été
très sérieux.
On attend un peu, on se demande ou Luc, en est de la course, on
essayes de joindre Christophe, qui nous annonce qui lui reste
environ 3 kms, super, doucement (de toute façon je peux
pas aller plus vite) on se dirige vers la ligne darrivée,
Christophe nous informe de la distance qui leurs restent à
parcourir, ça y est on les voit, on cri, on encourage,
Luc tout comme moi, a un sourire qui en dit large, il arrive,
il est là, il franchi la ligne, délivrance, soulagement,
il la fait, on la fait, bon sang ce que lon
est content, cest super.
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