3 Mai 2008 - 100 kms de Vendée (Chavagnes en Paillers)

Le Grand défi 2008

Trois coureurs du CSADN Vernon, Claude NICOLAS, Luc MOREL et Denis MOREL, se sont lancés le défi de courir le 100 kms de Chavagnes en Paillers. Pour les épauler dans cette aventure, Christophe FOURNIER et Magali MOREL les accompagnent pour "jouer" le rôle au combien précieux d'accompagnateur à vélo, merci à tous les 2.

Premiers "Cent Bornes", pour Denis et Luc, ils finissent respectivement 3ème en 7h42'34" et 37ème en 9h47'46", bravo à tous les 2. Malheureusement Claude a été contraint de s'arrêter au 75ème km à cause d'une vilaine douleur au genou.

Vous pouvez voir les photos prises par Magali pendant l'épreuve, ainsi que les résultats complets.

Au cas ou vous seriez, vous aussi un peu fou, que vous avez quelques instants à perdre, nous vous invitons à lire le résumé ci-dessous de Denis, qui vous raconte comment il a vécu cette course de l'intérieur. Vous pourrez également prochainement si vous le souhaitez lire le récit de Luc.


L’histoire :
Tout est parti d’un « pari » entre frères, l’envie de courir, de se surpasser et de relever des défis toujours plus grands, toujours plus fous, …

Les 2 frères MOREL ont découvert la course à pied, pour le bien être, il y a presque 4 ans, quasiment en même temps. Ils ont pour cela pris une licence au sein de la section Courses à Pieds du CSADN Vernon, car l’esprit de compétions n’y règne pas en maître, l’ambiance y est agréable et ils peuvent courir comme ils le souhaitent sans contrainte. Nos 2 coureurs ont su commencer petit, puis progresser doucement au fur et à mesure, à petit pas, en agrandissant les distances. Cela est certainement la meilleur solution, pour arriver à ses fins. En effet, ils ont débuté par des courses de 10 km, puis ils se sont lancés sur semi-marathon.
Là, une étape venait d’être franchi, Luc a complètement arrêter de fumer et Denis s’est rendu compte qu’il avait quelques bonnes prédispositions dans la course à pieds.
Alors et venu ensuite tout naturellement, l’envie de faire un Marathon (la distance reine 42,195 km), puis deux, puis trois, et pourquoi ne pas tenter un 100 km.
La Mèque des 100 km, Millau, ouh là, doucement, la marche est haute, continuons progressivement, alors s’en suit une première course horaire de 6 heures, suivi d’une seconde puis d’une troisième.
Voilà, on se sent près pour les 100 kms, mais Millau le dénivelé est connu pour être dur, alors la distance oui, mais sur du plat. C’est ainsi que l’épreuve des 100 kms de Chavagnes en Paillers, réputée pour être le 100 km le plus plat de France est arrivée sur la table.

On y est, les dés sont jetés et maintenant faut se préparer pour cette aventure, le samedi 3 mai 2008.

L’équipe :
Claude NICOLAS, un ami est coureur du club, se joint aux deux frères pour cette aventure. Il nous fera partager ses expériences passées, car il a déjà à son actif 4 épreuves de 100 kms dans les jambes et dans la tête, dont déjà une fois le 100km de Chavagnes.
Après des heures et des heures d’entraînements, ha oui on a souffert, lol, et après avoir fait l’impasse sur quelques courses de la région (avec le sérieux qu’on nous connaît bien sûr ), nous sommes prêts.
Attention, on ne se lance pas non plus dans une telle épreuve, sans une équipe soudée.
C’est pourquoi, Magali MOREL et Christophe FOURNIER se joignent à nos 3 coureurs, pour leur apporter toute l’aide nécessaire pour toucher au but.
Magali et Christophe se relayeront sur le vélo qui accompagnera Denis pendant les 100 kms, lui apportant tout le soutien moral, mais également toute la logistique (alimentation et boisson) nécessaire pour soutenir un tel effort. Ils fourniront également à Luc et à Claude un point de ravitaillement fixe, pour qu’ils puissent se ravitailler et trouver également des encouragements réconfortants.
Il est impossible de décrire à ceux qui n’ont jamais participé à ce genre d’épreuve, le rôle de l’accompagnateur en vélo, mais son aide est précieuse, pour la gestion du coureur et pour lui rappeler de bien se ravitailler régulièrement, et cela d’autant plus que l’effort est intense, et que la tête ne suit plus.

L’épreuve :
Chavagnes, une organisation huilée, une 21ème édition, et une équipe reconnue pour son efficacité au sein des grandes instances de la course à pieds.
Le 100km de Chavagnes, appelé également 100 km de Vendée est labellisé FFA. Le comité d’organisation propose un circuit 99% route en pleine campagne, composé de 4 grandes boucles (24,676 km) et d’une première boucle de 1,296 km, qui permet de repasser la ligne de départ sous les applaudissements d’un public fidèle et cela à une heure très matinale.

Préparatif de dernières minutes :
Vendredi 13h00, sur le pied de guerre, on finit les derniers préparatifs, la camionnette est chargée, Maghaly FOURNIER vient nous apporter ses derniers encouragements, elle aurait aimé être du voyage, mais d’autres contraintes la retienne, on l’a remercie, un dernier bisous à son mari Chrichri, et voilà on est parti.
Un arrêt au Neubourg, on récupère Claude, tout est ok, on est tous là, l’ambiance est bonne, conviviale, Luc comme à son habitude fait monter la pression et nous stresse, alors pour le taquiner, Denis commence alors un compte à rebours, Heure h –15 ; on roule h -14 ; on roule on papote, h-13 ; les kilomètres défilent, ça va vite, normal on est sur l’autoroute et dans la camionnette, lol
On quitte l’autoroute, humm ça s’approche, on arrive sur Chavagnes, vers 17 h 15 (h -11h45), on retire nos dossards à la salle des sports, on nous explique le déroulement du programme de la journée, puis on reprend la route pour regagner notre hôtel à la Roche sur Yons.
Pasta party improvisée tous les 5, dans la salle du petit déjeuner de l’hôtel, dernières consignes, on blague, on est à l’aise malgré la pression qui nous gagne tous, il est 20h00 (h-9) et on regagne nos chambres. Faut pas que Luc rate sa série, « Plus belle la vie », mdr.
Petit coup d’œil sur la météo, pas de pluie d’annoncée et des températures de saison comme ces derniers jours, normalement cela devrait être bon, mais on connaît tous la fiabilité des informations météorologique.
Tout le monde essaye de dormir tant bien que mal, dans un hôtel aux chambres bien insonorisées, on n’entends pas du tout ce qui se passe dehors, les conversations, le bruit des voitures qui passent toutes les 10 secondes sur la route, ou plutôt dans les chambres … M’enfin, pour ma part, j’ai pris la bonne habitude d’emmener des boules guesses, (même si cela fait mal aux oreilles et gêne un peu), c’est très utile dans les hôtels.

Le jour J :
2h30 : (h -2h30) Le réveil sonne dans la chambre 58. Denis ne l’entends pas, normal il a les boules dans les oreilles, un coup de pieds de Magali et le voilà réveillé.
Petit déjeuner, gâteau sport, banane, boisson d’attente, une petite douche, et on démarre la cafetière.
3h00 : (h – 2h00) : Denis, frappe à la porte de la chambre 57, il était convenu la veille, qu’il réveille tout le monde à 3h00, mais pas de surprise, ils sont déjà tous réveillés, après une douce nuit courte et très calme, lol.
Tout s’active alors très vite, départ de l’hôtel prévu à 3h30, la machine tourne bien, l’organisation militaire parfaite, on s’y croirait presque. Engagez-vous qu’il disait, engagez-vous !!!
4h00 : Arrivée sur Chavagnes, on finit de se préparer, certains profitent du petit déjeuner sur place ou pas, l’heure tourne, derniers préparatifs, tous réunis à la camionnette, on est prêt, chacun vérifie sa tenue, on s’assure que les ravitaillements sont prêts. C’est marrant, mais pour ma part, j’ai vraiment l’impression que tout tourne bien, je suis rassuré car je sais que Magali me connaît bien, qu’elle sait ce dont j’ai besoin, et qu’avec Christophe également à mes cotés cela devrait tenir bon. Les consignes, ils les connaissent, depuis le temps que je les répète, aussi pendant ces derniers instants, je ne me préoccupe que de mon échauffement en faisant quelques étirements, je suis d’autant plus rassuré que je vois Christophe, qui a pris tout le matériel (et même plus) nécessaire pour le vélo en cas de pépin.
Claude, très calmement comme à son habitude confie son ravitaillement à Magali. Luc, toujours de plus en plus excité, en fait de même, lol.
4h50 (h – 10 minutes) : Une petite photo de groupe pour la postérité, et nous voilà fin prêt. Christophe rejoint les autres accompagnateurs à vélo, et nous rejoignons la ligne de départ. Tout le monde se parle l’ambiance sur la ligne est conviviale. Certains portent sur la tête une lampe frontale, d’autre non. J’ai laissé la mienne sur le siège passager dans la camionnette, car la veille à cette même heure le soleil ne tardait pas à se lever chez nous en Normandie, et que l’on commence à voir clair aux abords de la ligne de départ.

La course :
5h00 : Le départ est donné. La foule courageuse matinale est vraiment là, comme dans la pub. C’est parti, pour la première boucle, une allure qui me semble correcte, un coup d’œil sur ma montre, merde, je ne vois rien. On ne voit pas encore assez clair, aux abords du départ, on voyait très bien avec l’éclairage alentour, mais là déjà cela devient plus difficile. On repasse sur la ligne de départ, j’en profite pour voir ma montre, cela me paraît bon au niveau de l’allure, maintenant faut tenir plus que 98,8 kms...

Les 25 premiers kilomètres :
On quitte le village, et je me place dans le sillage d’autres coureurs, ou non loin de la lueur de leurs frontales sur le sol. Maintenant que l’on est sorti du village, on voit guère mieux, et je sens sous mes pieds que la route n’est pas ‘nickel’, c’est marrant dans ces situations, comment on peut prêter des attentions à des choses anodines que l’on ne remarque pas, en tant normal, d’ailleurs les tours suivant me confirmeront ces impressions.
Je m’efforce donc de suivre les coureurs qui me précédent, les sensations sont bonnes, mais je me rends compte qu’ils ne sont pas si nombreux devant et que je suis peut être parti un peu vite, d’ailleurs, ils commencent à me distancer progressivement, les motos de l’organisation me doublent et c’est toujours un délice de profiter ne serait-ce que 20 secondes de leurs éclairages. Une autre moto me double, et je la vois 50 mètres devant moi se serrer sur la gauche, ouh là bizarre, je prévois donc d’en faire de même, et surprise à ce moment on rentre dans une forêt, c’est sombre je ne vois plus rien, si ce n’est le phare arrière de la moto 100 m devant moi, coup de chance elle suit les coureurs qui la précède car le chemin est trop étroit pour les doubler, je m’efforce donc de suivre de loin sa trajectoire, la sortie de la forêt approche et je recommence à voir clair, ouf. Quel con, mais quel con, pourquoi j’ai laissé la frontale sur le siège de la camionnette, bon allez on se reprends.
J’approche d’un virage, je distingue quelques cyclistes, je me dis que c’est peut-être là que Christophe doit me retrouver, aussi j’appelle doucement Christophe, et là des jeunes me répondent, et décident de me suivre. Au son de leurs voix enchanteresses, je me rends bien compte que pour eux aussi la nuit a été courte. En effet, ils doivent à peine sortir de boite de nuit, et ont l’air bien gai. Je n’y prête guère plus d’attention que cela, ils ne font pas de mal, ils s’amusent, ils me parlent, ils m’encouragent même, ils reconnaissent qu’il faut être malade pour s’engager sur de telles épreuves, on arrive à un premier ravitaillement, et ils décident de s’y arrêter, c’est ainsi qu’après 1 kilomètre et demi en joyeuse compagnie, je me retrouve de nouveau seul, ouf, à la fin cela aurait été peut-être un peu saoulant, lol.
Je continu ma route, dans la nuit, j’approche d’une intersection, et là, ce n’est pas quelques vélos que je vois, mais tout un parc, ouh la il y en a un paquet, comment Christophe va t-il me retrouver, un peu d’angoisse, je continu de courir, le cherche du regard, et ouf rassuré, je le vois en face de moi, et on commence à faire la route ensemble. Un regard sur ma montre, dans cette zone plus éclairée, et là, surprise un temps un peu trop court, soit je vais trop vite, soit on est pas au 10ème kilomètres, je penche pour la deuxième raison, et cela se confirme bien quelques minutes plus tard, en passant devant la borne 10km, là tout est ok, le tempo est bon, et je continu. On échange quelques paroles avec Christophe, régulièrement les motos de l’organisation nous dépassent et j’ai le plaisir de recevoir les encouragements de Thierry GUICHARD, venu superviser les vrais champions sur cette épreuve, dans le but de les sélectionner ou pas en équipe de France de 100 km pour les mondiaux de Rome en Novembre.
Pour moi, tout est bon, les sensations sont bonnes, on double même un coureur, ça file bien, l’heure tourne et les kilomètres défilent. Le jour est maintenant levé et je distingue les chiffres sur ma montre, on se rapproche des 25kms, je m’alimente régulièrement. Je passe la borne des 25 km, coup d’œil sur la montre, 1h56’55’’, parfait je suis sur la base de 7h30, pourquoi pas …c’est un peu prétentieux pour un premier cent bornes, mais qui ne tente rien n’a rien.
Christophe prend ensuite un peu d’avance pour passer le relais à Magali, les vélos passant d’un côté et les coureurs passant sous l’arche de départ (et d’arrivée) à ce moment du parcours.

Les kilomètres 25 à 50 :
C’est maintenant Magali qui m’accompagne, elle applique les consignes à la lettre, me fournissant en boisson et en gels énergétiques, on parle peu, mais un peu. Je sais que ce n’est pas une pro du vélo comme Christophe, mais qu’elle fera de son mieux pour me passer les ravitaillements, et cela se passe très bien, elle fait sa balade en m’accompagnant, « elle est mignonne cette maison », …
Elle me parle de tout et de rien, mais replace de temps en temps dans la conversation, as-tu pris un gel, bois bien, …
Au 37ième kilomètres, je sens que j’ai une cloque sous le pieds gauche au niveau du gros orteils, mais ce n’est pas une petite cloque qui va m’arrêter, je continu ainsi ma route, en essayant d’agiter mes doigts de pieds, et de ne pas y penser et cela passe bien rapidement.
On continue à notre rythme, on se rapproche lentement d’un coureur du cent bornes qui nous précède au classement, il s’arrête un très court instant pour un besoin urgent et il reprend sa course devant nous. On le passe doucement, on échange deux, trois mots, et il nous dit avoir mal au dos. On continu alors notre route à notre rythme et peu à peu l’écart se creuse, on apprendra par la suite que ce coureur a abandonné, aussi on lui souhaite de bien récupérer. Gentiment il prendra de mes nouvelles pendant le reste de l’épreuve auprès de Magali, et on espère qu’il reprendra vite la route des 100 bornes et sans bobo.
A ce moment de la course, les kilomètres défilent toujours aussi bien, on double un coureur, puis deux, elle me félicite pour mon état de fraîcheur, on s’approche d’ailleurs du km 50, et on croise un groupe de personne qui me félicite également de ma foulée et de mon état de fraîcheur. En moi même je me dis, c’est normal l’épreuve n’a pas encore commencée. En effet, j’ai tellement entendu qu’un 100 bornes ne commence qu’après les 80 premiers km, que je trouve cela normal est rassurant.
Je passe la borne des 50 km, 3h42’24’’, parfait, tout va pour le mieux.
On se rapproche de l’arche, Magali prend à son tour un peu d’avance, pour repasser le relais à Christophe, (il était temps pour elle, car cela faisait un petit moment qu’une petite envie de pipi l’a taquinée, mais elle ne s’en plaignait pas, sachant ce que j’endurais de mon côté).

Les kilomètres 50 à 75 :
Je me retrouve donc de nouveau avec Christophe. Cela peut paraître bizarre, mais le fait de changer ainsi d’accompagnateur, me donne l’impression d’avancer. Il me donne des nouvelles de Luc et Claude, et me dit qu’ils sont passés ensemble aux 25 km, cela me rassure un peu, car je sais que Luc a les capacités et la volonté nécessaires pour finir cette épreuve, mais je sais qu’à son habitude, il va partir comme un chien fou et se brûler très vite. Sachant que Claude a l’expérience de ce genre de course, je n’ai donc aucun doute sur eux et je continu sereinement ma course. Christophe me fournissant toute l’assistance nécessaire, ainsi que le temps à chaque kilomètre. On s’efforce de continuer toujours à notre allure, on double des retardataires, marathoniens et 100 bornards, on se rapproche d’un autre coureur de 100 km, et je dis à Christophe, que celui ci n’est pas un retardataire, mais bien un coureur qui me précède, Christophe continu de me donner mes temps au kilomètre lesquels sont toujours bons, et la forme encore bonne, on double alors ce coureur, qui commence à craquer, pour ma part, ça va encore bien, même si je commence à avoir chaud et que j’ai l’impression que mon rythme ralenti, cela ne se voit pas encore sur ma vitesse, mais je sens que je commence à forcer pour la maintenir. On passe le km 65, tout est bon, le chrono correct, on continu, mais là, très vite tout devient plus dur. La chaleur se fait de plus en plus pesante, km 70, coup d’œil sur ma montre, 5h10’30’’, je suis encore bien dans les temps, mais je sens que cela se complique. Ainsi, ce n’est pas vrai, cela ne commence pas au 80ième, pour moi c’est au 70ième et je sais déjà que les 30 derniers vont être horribles.
J’essayes toujours de bien m’hydrater et de bien m’alimenter, Christophe me le rappel et y veille également, on approche du 75ième kilomètres, 5h34’10’’, je sens que je mets plus de temps, mais je suis encore dans le tempo souhaité.
Thierry GUICHARD, qui supervise également sur cette épreuve, Cécile MOYNOT, (en vue de sa qualification en équipe de France Féminine et qui sera la 1ère féminine de l’épreuve en 8h10’ (7ième au scratch)) y est présent et m’y encourage, merci Thierry.
Christophe, me lâche alors pour passer le relais à Magali, qui prépare les bouteilles pour mon dernier tours.

Les 25 derniers kilomètres : le calvaire
Comme convenu, c’est Magali qui m’accompagne pour les 25 derniers kilomètres. La pauvre, elle va souffrir, car je risque d’être assez irritable, mais elle le sait. En effet, elle me connaît bien, et Christophe, qui a bien vu que cela devenait de plus en plus difficile pour moi, a fait passer le message à Magali. A ce moment là de la course, je n’ai pas de douleur particulière, la cloque du 37ième kilomètre est crevée depuis bien longtemps, et ne me dérange en rien, je ne la sens d’ailleurs quasiment pas. Par contre, il m’est de plus en plus difficile de lever les pieds et d’enchaîner de belles foulées.
Où est passée ma fraîcheur précédente ?
Je dois continuer, je n’ai pas fait tout cela pour rien, d’autant plus qu’à ce moment de la course, je suis en 4ème position, chose que je n’aurais pas imaginé du tout en venant ici, sur ce 100 km. Je me dis même que si je me fais doubler ce n’est pas grave, car je ne suis pas à une ou deux places près, sachant que ce que je souhaite en objectif numéro 1 est de finir en moins de 8 heures, et mon objectif numéro 2, de finir en moins de 7h45’, jamais je n’ai imaginé figurer dans les 5 premiers.
Au 80ième kilomètre environs, je double Claude, bon sang ça doit pas aller fort pour lui, car je ne pensais pas le rattraper, il se plaint d’une douleur au genou, merde il est mal barré, on continu et on l’encourage, allez Claude tiens bon.
Pour moi aussi, ce que les kilomètres sont longs, Magali voyant mon temps au kilomètre, de plus en plus long, essayes de ne pas m’en informer, mais je le vois bien par moi même sur ma montre, aussi, je lui dis de me tenir informé à chaque kilomètre, car même si il est dur de se rendre compte que le kilomètre est de plus en plus long, il est important de savoir que l’on vient d’en franchir un de plus et que l’on se rapproche ainsi de l’arrivée.
C’est dans cet état d’esprit, que je poursuis, cela fait maintenant quelques kilomètres, que je ne prends plus de gels, car je ne parviens plus à avaler quoi que ce soit, des douleurs au niveau de l’appendice (ha si j’avais pu être opéré plus jeune comme beaucoup, je n’aurais peut-être pas ce genre de douleur, et je serais peut-être plus léger, humour) et une bouche plus que pâteuse. J’essaye de boire de plus en plus, une envie soudaine d’eau gazeuse, c’est marrant cette envie soudaine c’est la première fois que cela m’arrive, Magali s’en charge, et m’en approvisionne au ravitaillement suivant. Au 87ème kilomètre, je sens pour la première fois de la journée, la contracture musculaire qui me dérange depuis trois semaines au niveau de la cuisse droite, je serre les dents, ça a tenu sur un semi rapide avec des chaussures ultra légères il y a 2 semaines, donc cela devrait tenir, maintenant. Je craignais ces derniers jours que cette douleur compromette mon 100km, mais maintenant que j’en suis là, c’est pas ce petit bobo qui va m’arrêter.
Alors je continu, coûte que coûte, les kilomètres sont longs, et je viens juste de descendre à 10km/h, il faut que je relance, et je dois tenir au moins cette vitesse. Passage, au 95ème kilomètres, 7h15’34’’, c’est sûr c’est râpé pour les 7h30’, mais pour les 7h45’, je suis encore dans les temps, je sais que je ne dois pas descendre sous les 10km/h, et ça je sais que je dois en être capable et au pire des cas, je finirais en marchant, et pis merde, je suis encore 4ème, faut tenir. Km 97, on serre les dents, on souffre, mais on approche, km 98, de plus en plus de public, on nous encourage, j’entends le public, « bravo, on l’encourage, c’est le troisième ».
Comment cela le 3ième, oui, j’entends le public, Mag pose la question, on lui dit qu’un des premiers a abandonné.
A ce moment, je n’y crois pas beaucoup, mais cela se confirme par d’autres encouragements, ainsi que par l’annonce du speaker, qui informe le public de l’approche du 3ème de la course. Cette information, cette surprise se voit non seulement sur mon visage, effaçant ainsi toutes les marques de souffrance de ces 28 derniers kilomètres, pour laisser place à un grand sourire de joie, mais cette nouvelle m’a donné de nouvelles jambes, que dis-je, des ailes, je n’ai aucune idée de ma vitesse de ces 2 derniers kilomètres, mais je suis sûr que j’ai repris du poil de la bête.
Je parle alors à Magali, vas-y ma chérie, files, vas faire le tour, et retrouves moi à l’arrivée. Je continu, plus rien ne peut m’arrêter, la ligne approche, à grand pas maintenant, j’ai le sourire aux lèvres, je passe la ligne, bip bip, coup d’œil sur la montre, 7h42’34’’, je n’en reviens pas, j’ai fini, j’ai tenu et en prime une 3ème place inespérée.

Le Bonheur :
Je n’arrive plus à m’arrêter, je marche, je tourne en rond, je détache mon dossard, je vois Magali et Christophe, qui se rapprochent, je prend un verre, un second, je sais que je suis pas frais, je suis même un peu mal, mais tellement heureux. Magali s’approche elle me félicite, elle est super contente, « je suis fière de toi mon chérie ». Christophe est là également, il se rapproche, il partage avec nous cette joie, ça me fais très plaisir, il me prends dans ses bras pour me féliciter, je tiens à peine sur mes jambes, la tête n’y est plus et les jambes non plus, je reste debout, mais il faut que je m’assoie, aussi je marche doucement, vers notre petit coin ravitaillement avec une seule idée en tête, m’asseoir et boire, mais qu’est-ce que je suis content. Et je suis heureux de partager cette joie avec mes amis, doucement, je me remets, me désaltère, je ne cherche pas à bouger, car je sais que les crampes sont là, et guettent chacun de mes mouvements, alors patience, on se réhydrate. En effet, la chaleur de ces dernières heures a été terrible, et amateur comme pro en auront souffert. Je papote avec Magali et Christophe, qui de leurs côtés, s’activent de nouveau. En effet, ce n’est pas fini pour Luc et Claude et ils préparent le vélo, avec les boissons et les gels énergétiques de Luc. Je suis d’autant plus content que je n’ai pas rattrapé le frangin, et lorsque je demande à Christophe depuis combien de temps il est passé, il me répond 20 minutes environ, là, je suis ravi, car je connais bien le frangin, il est comme moi, il a la rage, et même si il va souffrir dans ce dernier tour, il ira au bout, super.
Changement de numéro de dossard sur le vélo, et Christophe part de nouveau pour retrouver Luc et l’accompagner sur ses derniers kilomètres.
Pour ma part, je reste assis sur ma chaise à me remettre doucement de cet effort, de toute façon je ne peux pas bouger pour le moment.
J’attends le passage de Claude, mais malheureusement je ne le vois pas venir, il a du s’arrêter.
Magali reste avec moi, m’aide m’apporte des boissons et mes affaires pour que je puisse aller profiter des masseurs et de la douche, ce dont je ne me prive pas, je l’ai bien mérité, lol.
A mon retour, elle m’annonce que Claude a belle et bien abandonné, à un moment, elle a pensé faire le dernier tour avec lui à pieds à ses côtés, mais à la vue de sa douleur, cela n’aurait pas été très sérieux.
On attend un peu, on se demande ou Luc, en est de la course, on essayes de joindre Christophe, qui nous annonce qui lui reste environ 3 kms, super, doucement (de toute façon je peux pas aller plus vite) on se dirige vers la ligne d’arrivée, Christophe nous informe de la distance qui leurs restent à parcourir, ça y est on les voit, on cri, on encourage, Luc tout comme moi, a un sourire qui en dit large, il arrive, il est là, il franchi la ligne, délivrance, soulagement, il l’a fait, on l’a fait, bon sang ce que l’on est content, c’est super.


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